Histoire
Chronologie de Fellering
Le village existe depuis fort longtemps, idéalement situé à l’intersection de la haute vallée de la Thur, en direction du Col du Bramont et de la petite vallée menant par Urbès au Col de Bussang.
Nous savons que la voie romaine qui permettait le franchissement des Vosges passait sur le site du village. Il serait étonnant qu’à ce carrefour important il n’y ait pas eu de village très tôt. Nous savons également que Kelm, probablement un autre village a existé jusqu’à la guerre de Trente Ans sur ce qui n’est plus aujourd’hui qu’un quartier de Fellering.
Le nom du village a beaucoup varié depuis les origines ! Veldelingen en 1416, Veldlingen en 1550, Veldringen ou Fellringen en 1576, Felringen en 1725, encore Feldringen, et depuis 1775, Fellering.
De l’an 973 à 1537 : le Moyen-Age
Même si nous sommes sûrs que le village a existé avant 973, il n’en reste aucune trace écrite. Mais en 973 Charlemagne fait don au Chapître de Murbach d’une grande partie de ses possessions à Fellering. Le reste du village appartient aux Chanoinesses de Remiremont (comme Oderen et Kruth), mais également pour partie aux Antonites d’Issenheim. La collégiale de Saint Amarin ainsi que différents nobles avaient également des possessions à Fellering.
1537 – 1795 : l’époque moderne
En 1537, le prince-abbé de l’abbaye de Murbach devint le seigneur féodal de toute la haute vallée de la Thur, après avoir racheté toutes les terres que Charlemagne n’avait pas données. Cette situation subsista jusqu’à la Révolution. Fellering, avec à sa tête un burgermeister ou maire dépendait du Maïorthum (majorat, ancienne subdivision) de Saint-Amarin. Comme trop de seigneurs féodaux, l’Abbaye de Murbach lève de nombreux impôts et surtout impose de nombreuses corvées et restrictions aux conventions passées, contrairement à son intérêt à long terme. Mais la commune de Fellering put globalement se développer, vivant de l’agriculture et de l’élevage principalement.
Au XVIIème siècle, la situation se détériora lors des invasions successives et des guerres dont la plus meurtrière fut la Guerre de Trente Ans. Le village fut presque entièrement rasé comme tous les villages alentour et en 1648, lors du rattachement à la France, il ne restait guère qu’une cinquantaine d’habitants.
Le roi Louis XIV n’accorda à l’Alsace nouvellement française que le statut de province étrangère sur le plan des taxes à l’importation. C’est cette décision qui fut à l’origine de l’expression qui surprend toujours les non-alsaciens : » les Français de l’intérieur « , par opposition aux Français d’Alsace, privés de nombreux droits. Mais cette disposition allait favoriser le développement économique du village, en permettant l’installation de l’industrie textile qui prit un essor important à partir de la deuxième moitié du XVIIème siècle.
Le commerce du bois renforça la prospérité du village jusqu’en 1699. À cette date des verriers obtinrent l’autorisation du Chapître de Murbach de s’installer à Wildenstein, mais surtout d’utiliser tout le bois qui était nécessaire à leur industrie. Ce bois c’était celui qui par contrat avait été affermé en 1537 aux trois communes de Fellering, Oderen et Kruth, qui disposaient ensemble d’un ban indivis ou banlieue commune ! Cette propriété sur un ban indivis n’était pas rare. Ce problème fut le germe de la rébellion contre le seigneur des lieux lors de la Révolution. Plusieurs procès ont opposé Fellering et les autres communes de la Haute Vallée de la Thur aux princes abbés de Murbach pour violation des actes de 1537.
Par jugement du 1er frimaire an II, (1er novembre 1793) les 3 communes obtiennent gain de cause, et Fellering ainsi qu’ Oderen, Kruth et Wildenstein se constituent en communes indépendantes.
De 1793 à 1795, malgré la Terreur, Fellering continue de réclamer la propriété de ses terres et forêts.
1795 – 1870 : l’essor
Le village continue de prospérer, obtient le partage de la banlieue commune en 1813 et vote son premier budget indépendant pour l’année 1820. À ce moment-là, Fellering compte environ 1 000 habitants. En 1851, la commune compte, juste avant la première crise du textile, 1 840 habitants. Depuis cette date le nombre d’habitants a fortement diminué pour remonter au chiffre actuel de 1563 habitants (recensement de 1999). Ce fort développement obligea la village à contruire successivement 3 églises qui se révélèrent trop exiguës. En 1840 Fellering, qui disposait d’un maître d’école dès 1711, fit construire la mairie-école entièrement dévolue à l’école aujourd’hui.
La découverte de mines de fer, de cobalt et de cuivre principalement, comme dans toute la vallée de la Thur contribua au développement du village. Des vestiges de ces mines subsistent dans le vallon du Langenbach.
1870 – à nos jours
La défaite française de 1870 et le rattachement à l’Allemagne pour 44 années, coïncident en partie avec les difficultés que rencontra Fellering sur le plan économique. En effet, la crise du textile liée aux dévastations des guerres et au changement complet de débouchés pour les industries (les anciens liens commerciaux avec la France étaient rompus) eurent des conséquences négatives sur le développement de Fellering.
Une des premières lignes de chemin de fer de France, Mulhouse-Thann, a vu son extension jusqu’à Kruth passer par Fellering. Le village a d’ailleurs la particularité d’avoir deux gares, et deux agences postales. L’une des agences, celle du quartier de Wesserling, a longtemps été l’agence pour toute la haute vallée de la Thur.
Malgré la domination allemande, Fellering s’équipe et en 1907 la fontaine du Mariabrunnen est érigée en face de l’église actuelle : c’est le point final des travaux du réseau d’eau. Fellering est le premier village de la vallée à offrir à ses habitants l’eau courante dans toutes les maisons. L’éclairage public suit en 1909.
Depuis la période 1870-1920, un fait rare doit aussi être relevé : Fellering est le seul village de la vallée a avoir vu la coexistence de trois religions. Outre la paroisse catholique, une importante communauté protestante a édifié un temple (1913) qui est encore aujourd’hui paroisse pour toute la vallée. La population de confession israélite a longtemps été très active, et signe d’œcuménisme, l’école servait également de synagogue. Mais cette communauté juive s’est beaucoup réduite aujourd’hui.
Comme la majeure partie de la vallée de Thann, Fellering redevient française dès 1914. Le maréchal Joffre a prononcé des paroles historiques devant l’école. Une plaque apposée sur le mur en conserve la trace.
La guerre de 1939-1945 plonge de nouveau le village dans la tourmente, et met fin aux travaux engagés par l’occupant pour contruire une nouvelle voie de chemin de fer, reliant la voie existante (Mulhouse-Kruth) à Épinal via Fellering et un tunnel passant sous le col de Bussang. Des ouvrages d’art inachevés subsistent aujourd’hui encore, et le percement du tunnel était très avancé lorsque les violents combats de la libération ont tout stoppé.
Depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale, Fellering, contrairement à la plupart des autres villages du canton, voit sa population augmenter à nouveau. Et ce malgré la situation économique qui a vu fermer la plupart des usines textiles après les années 1960. À cette époque, 80% de la population travaillant sur place étaient des ouvriers paysans avec des maisons caractéristiques. Au début de ce XXIème siècle, 80% des habitants sont obligés de se déplacer au minimum jusqu’à Cernay pour trouver un emploi.